Changement, réchauffement et crise climatique : quelques concepts

C’est aussi le cas en matière de climat.[1] Même si ce texte n’est pas une étude détaillée ni encore scientifique et exhaustive, nous souhaitions aborder ce sujet.

Bien peu de gens questionnent l’existence des changements climatiques.

Certains, quoique très peu nombreux, contestent l’origine anthropique du réchauffement, via notamment les émissions de gaz à effet de serre. Celles-ci correspondent certainement aux symptômes les plus évidents et les plus mesurables qui surviennent jour après jour, un peu partout dans le monde.

L’objectif de limiter ce réchauffement à une augmentation de la température de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels, telle que dictée par l’Accord de Paris, est, aux dires de certains experts, déjà hors de portée.[2]

Ce que révèle la fiction

Pour marquer le passage du réchauffement climatique au changement climatique dans le discours public, une scène du film Vice me vient à l’esprit.

Dans ce film satirique, qui fait état de la vie et du mandat du vice-président américain Dick Cheney, on voit quelques personnes réunies dans un groupe de discussion. On présente au groupe divers sujets, dont celui du réchauffement climatique (global warming). Le concept y est présenté de façon un peu légère, en mentionnant que le terme pourrait faire peur, ce à quoi les gens acquiescent. Le présentateur enchaîne ensuite avec le concept de changement climatique (climate change), qui est adopté par le groupe pour remplacer le concept de réchauffement climatique, orientant ainsi le discours public[3].

Nous ne savons rien sur la véracité du déroulement des événements rapportés dans cette scène spécifique, mais le film évoque néanmoins l’idée générale d’un façonnement ou d’une influence de l’opinion publique par certains politiciens et lobbies.

Des mots qui en disent long

Néanmoins, le concept de changement climatique est encore largement utilisé par le GIEC, l’ONU et plusieurs autres organismes.

Les changements climatiques ont l’avantage de rendre compte de changements d’une portée beaucoup plus large que le simple réchauffement, incluant l’élévation du niveau de la mer, l’acidification des océans, l’intensification des phénomènes météo extrêmes (pas seulement les vagues de chaleur, mais aussi les froids extrêmes), les pluies diluviennes, etc.

Quant au concept de crise climatique, certains, dont François Gemenne, considèrent l’expression trompeuse. Alors qu’il s’adressait à un groupe de journalistes, il a mentionné: « Vous évoquez souvent la crise climatique. Ce terme est trompeur parce qu’il donne aux gens l’illusion qu’un retour à la normale est toujours possible. » [4] Pour lui, le mot crise évoque une période difficile, mais temporaire. Ce qui, dans la durée, risque fort de ne pas être le cas, du moins à l’échelle d’une vie humaine.

Nous pourrions bien entendu ajouter le terme urgence climatique à la liste. Celui-ci fait référence au fait que nous devrions agir rapidement afin de limiter immédiatement les émissions pour éviter la création de boucles de rétroaction qui amplifieront les phénomènes extrêmes.

Un peu comme le terme crise, cette urgence est-elle encore d’actualité lorsqu’on en parle depuis plusieurs années? Qu’y a-t-il de plus urgent qu’urgent? On peut se le demander, mais aussi agir! Au-delà des concepts, quelle menace existentielle fera bouger l’humanité? Vous, quel terme utilisez-vous pour parler de la situation actuelle?

*L’auteur est Ambassadeur Fitwel et président du comité des communications de Bâtiment durable Québec (BDQ).